Revue de presse

« A propos de... »

Collectif AFL

LE ROMAN SE VEND MOINS

Dans la chronique culture du Monde du 29 décembre 2018, Michel Guerrin revenait sur le recul des ventes de romans observé depuis l’été dernier, avec une rentrée littéraire mauvaise et des prix littéraires qui n’ont pas eu leur impact commercial habituel. Cette baisse n’aurait rien de conjoncturel. Les enquêtes du ministère de la culture l’annonçaient : « Pour Olivier Donnât, qui a mené plusieurs études sur les pratiques culturelles des Français, les gros lecteurs (de trente à cinquante livres achetés par an), coeur de cible des librairies, seront toujours moins nombreux, car ils sont âgés et « ne seront pas remplacés ». Pour une raison simple : 49% des étudiants lisaient au moins vingt livres par an en 1988. Ils n’étaient plus que 19% il y a dix ans, notamment à cause des écrans, pointait une étude publiée par le ministère de la culture en 2014. » Combien sont-ils aujourd’hui ? Consolation pour les libraires, si « le roman souffre, la BD resplendit. »

PLUS DE MONDE EN MÉDIATHÈQUE, MAIS MOINS D’EMPRUNTEURS DE LIVRES

Toujours dans la chronique Culture du Monde le 23 février, Michel Guerrin revenait sur la sortie du livre d’Erik Orsenna et Noël Corbin, Voyage au pays des bibliothèques (Stock) et constatait que les deux auteurs avaient évité la question qui fâche : celui du marasme de la lecture.

Pour les médiathèques, cela va plutôt bien. « C’est en étant moins un lieu de transmission du savoir, austère, froid, trop proche de l’école, et bien plus un lien convivial, aéré, chaleureux, ouvert sur la société et connecté, qu’elle s’est refait une santé. En répondant aux attentes du public — et des maires —, la bibliothèque a osé ce que les théâtres, musée ou salles de concerts refusent toujours : passer d’une politique de l’offre culturelle à celle de la demande : plus 21% depuis 2005. »

Pour la lecture, la situation est bien différente : « Ceux qui ne lisent jamais de livres sont toujours plus nombreux, les gros lecteurs (âgés) ne sont pas remplacés par les jeunes, qui Usent de moins en moins. » Le nombre de lecteurs reculent fortement chez les 16-30 ans. Les bibliothécaires nous expliquent que l’entrée au collège va de pair avec le non emprunt de livres. Leurs efforts restent souvent vains. « Seuls 12% des Français empruntent des livres en bibliothèque ». C’est un chiffre en baisse constante depuis vingt ans : « Le nombre d’inscrits à une médiathèque, par rapport à la fréquentation globale est tombé de 69% en 1997 à 59% en 2005 et 59% en 2016. Or ce sont les inscrits qui empruntent et lisent des livres. Les autres, toujours plus nombreux, y font autre chose. »

Ouvrir les bibliothèques plus tard le soir et le dimanche, comme le voudraient Orsenna et Corbin, ne suffira pas. Ils expliquent que cela permettra d’augmenter le nombre de Français qui empruntent des livres. « Cette croyance fera sourire tous ceux qui ont étudié la question et tous ceux qui, dans le théâtre, l’opéra ou les musées, l’ont expérimentée. »

Demeure donc le problème de la baisse de la lecture, en particulier chez les jeunes, qui ne sera pas réglée par la seule extension de l’offre. Dans cette revue, nous avons souvent montré et analysé des expériences réalisées par les militants de l’AFL qui soulignent la complexité de la promotion de la lecture et qui supposent une approche globale du texte : classes lecture, villes lecture (voir le dossier de Jean Foucambert dans ce numéro), politique de lecture au collège, productions d’écrits autour des BCD ou du CDI nous renvoyons aux anciens numéros accessibles en ligne. Et à l’article de Robert Caron dans ce numéro « Fabriquer de la soif ».

PRIMAIRE : ON NE SAIT PAS SAISIR LA « CHANCE » PÉDAGOGIQUE DE LA CLASSE « MULTI-ÂGE »

Sylvie Jouan, professeur de philosophie, formatrice pédagogie / connaissance du système éducatif (Université de Montpellier), dans un article paru le 5 mars 2019 sur le site The Conversation, rappelle qu’en primaire, près d’un élève sur deux (48,6%) est scolarisé dans une classe « multi-âge » et que c’est une réalité sous-estimée.

Si en zone rurale, les classes uniques sont en voie de disparition, « en parallèle, la classe à cours double, ou classe à double niveau, n’a cessé de se développer en milieu urbain (pris de 40% des élèves), de sorte qu’il est faux aujourd’hui d’associer la classe multi-âge à la classe rurale. » L’auteure souligne que cette réalité ne s’accompagne pas de la réflexion pédagogique qui pourrait faire de cette organisation un atout : « C’est le cas en ce qui concerne l’utilisation du temps : les élèves en classes multi-niveaux seraient ainsi moins souvent en situation d’attente. L’enseignant ne pouvant pas être avec chaque niveau en même temps, ces classes sont des ¡¡eux où s’inventent de nouveaux dispositifs d’entraide et d’autonomie, de sotte qu ’on peut les considérer globalement comme des laboratoires d’innovation pédagogique. » Malheureusement pour les élèves, cette situation est trop souvent subie par les enseignants qui n’ont pas perçu l’intérêt du « laboratoire d’innovation » qui leur est proposé : «  On peut pourtant considérer la classe multi-niveaux à grande hétérogénéité comme un moyen de rompre définitivement avec la méthode d’enseignement simultané, cette méthode héritée des écoles de Jean-Baptiste de La Salle datant du XVIIème siècle consistant à faire la même chose à tous en même temps. C’est la méthode que nous avons tous connue en tant qu’élèves du XXème siècle à chaque étape de notre scolarité, et dont nous devinons sans être de grands pédagogues qu’elle ne permet pas de prendre en compte la diversité des élèves : les élèves les plus rapides s’y ennuient tandis que ceux qui rencontrent des difficultés ne progressent pas à leur rythme. Aussi, dire que la classe multi-âge constitue un laboratoire d’innovation pédagogique, c’est faire l’hypothèse que la réflexion sur le fonctionnement de ce type de classe, et en particulier sur ses outils d’autonomie et de différenciation, constitue un levier pour repenser l’organisation d’une classe répondant aux objectifs de cette école inclusive et bienveillante que l’on vise pour le XXIème siècle. »

DÉSOBÉISSANCE CIVILE

« Apprendre la désobéissance à l’école : cette idée pourrait faire grincer des dents dans un milieu où « garder le contrôle » est parfois un véritable enjeu. Si elle est tout de même abordée, via des figures historiques qui ont œuvré pour l’acquisition de nouveaux droits, il faut aujourd’hui l’envisager comme une option à la portée de toutes et tous : agir contre le pouvoir, de façon non-violente, est un outil comme un autre pour faire entendre une voix citoyenne. »

Voici le chapô du dossier proposé par le numéro de juin 2018 de La ligue, journal de la Ligue de l’Enseignement et de l’Education permanente et consultable à l’adresse : https://ligue-enseignement.be/la-desobeissance-civile-a-lecole/.

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